lundi 18 décembre 2006

Egalité ou inégalité des intelligences?

Merci à François ( de notre bon gros bourg de Souillac dans le Quercy) pour son pertinent commentaire. Il me suggère ceci, non pas des affirmantions mais des questions, trois au moins et, d'abord, celle-ci: qu'est-ce donc que le "potentiel intellectuel de chaque individu"?
On dit parfois aussi "intelligence" en tant que constituant essentiel de ce potentiel intellectuel.
Mais alors, qu'est-ce donc que l'intelligence? Quel savant pourrait nous le dire? S'il pouvait nous le dire, ici, ce serait bien.
Michel Onfray (Traité d'athéologie, P. 96), lui, en donne la définition suivante: "cette vertu sublime qui définit l'art de lier ce qui, a priori, et pour la plupart passe pour délié". Bon, pourquoi pas? Mais alors, question implicitement posée par François, existe-t-il une hiérarchie des intelligences?
Question d'importance car, si tel était le cas, à science sûre, c'est-à-dire indéniablement, le monde n'en serait-il pas changé?
Non, dit le philosophe Jacques Rancière dans son passionnant ouvrage "Le maître ignorant":
"il n'y a pas de hiérachie des capacités intellectuelles."
Et d'ajouter: "le problème (de l'éducation) est de révéler une intelligence à elle-même."
Et si c'était cela émanciper? Cela: " la conscience de ce que peut une intelligence quand elle se considère comme égale à toute autre et considère toute autre comme égale à la sienne" (Rancière, 10/18, 1987, p. 68).
Et si c'était cela, au fond, la mission d'une école réellement démocratique, non pas discriminer de toutes les façons possibles (nous y reviendrons) mais: émanciper, c'est-à-dire aider tout enfant à prendre conscience de ses potentialités, de ses talents?
Car, encore Rancière, dans l'hypothèse de l'inégalité des intelligences:
"Les lois humaines, les lois de convention, seraient inutiles pour le conserver (l'ordre social). L'obéissance à ces lois ne serait plus un devoir ni une vertu, elle dériverait de la supériorité d'intelligence des cadis et des janissaires et cette espèce commanderait par la même raison que l'homme règne sur les animaux".
D'où il vient que(P.165): "tous les hommes ont une égale intelligence"!
Bon, mais on voit bien que l'égalité des intelligences, comme son inverse, est une opinion
et non la vérité à science sûre ( à moins que quelqu'un nous montre, ici, le contraire, bientôt).
D'où il vient, en attendant, que le choix entre les deux reste un choix éminemment politique, au meilleur sens du terme.
A demain pour essayer de voir ce qu'il en est du "travail manuel" et du "goût d'apprendre".

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